Khiva


Khiva

Carte de Khiva

Khiva est l'une des villes les plus remarquables de l'oasis de Khorezm. Capitale du khanat dès le XVIIe siècle, elle fut l'un des plus grands marchés d'Asie Centrale et sa prospérité dura jusqu'au début du XXe siècle. Aujourd'hui, la ville intérieure Itchan Kala est un véritable musée ouvert où l'on peut admirer l'authenticité des monuments Kounia-Ark (la résidence des Khans) XVIe siècle, le mausolée de Pahlavan Mahmoud XVe siècle, la mosquée de vendredi et son minaret XIe siècle, la madrasa d'Islam Khoja XIXe siècle, etc. La ville est entourée de remparts d'argile rose, qui lui donnent l'aspect d'une ville du Moyen Age.

Histoire de Khiva

Khiva à travers l’oasis de Khorezm ou Khârezm - la Choresmia des Grecs -, formée par le delta du cours inférieur de l’Amou Daria, l’antique Oxus, proche de la mer d’Aral. Sa richesse attira régulièrement les envahisseurs des Arabes en 712, aux Mongols en 1221, à Tamerlan en 1379, aux Ouzbeks en 1512, aux Koungrats au XIXes. et jusqu’au protectorat russe en 1873...

Des fouilles archéologiques ont montré que la région était déjà peuplée à l’époque Néolithique et qu’elle joua dès le IVe millénaire le rôle de plaque tournante entre la Mésopotamie et les régions hyperboréennes. Après l’inversion du cours de l’Oxus vers le milieu du IIe millénaire; elle sera habité par les Indo-Européens dès avant le Ier millénaire, et fut, selon la tradition, la patrie de Zoroastre (vers 600 avant J.-C. ), le prophète du zoroastrisme - ou mazdéisme -. Cette ancienne Satrapie deviendra plus ou moins autonome après la conquête d’Alexandre, jusqu’à la conquête arabe de 706 à 713 - avec les campagnes de Qutaïaba, le gouverneur du Khorassan, qui annexa la Transoxiane, appelée Mawar-an-Nahr - le "pays au-delà du fleuve", s’emparant successivement de Boukhara, de Samarcande, du Khorezm et de Tachkent, avant que d’être assassiné, par ses propres hommes, lors de sa campagne au Ferghana en 715 -. L’islam s’imposa malgré les longues périodes d’instabilité qui suivirent cette conquête. Khiva devint l’un des plus grands marchés d’Asie Centrale, dont la prospérité dura jusqu’au début du XXes...

la madrasa d'Islam Khoja

Aujourd’hui, la ville intérieure - Itchan-Kala - et son labyrinthe de ruelles est un véritable musée à ciel ouvert... Khiva tire son nom du puits de Kheîvak, qui existe toujours, elle servait de dernière étape avant la traversée des sables noirs du désert de Karakoum, aux nombreuses caravanes de la Route de la Soie qui se rendait en Iran actuel. La "ville-musée", qui semble intouchée depuis sa renaissance au XIXes., triomphe, derrière ses puissantes murailles, avec ses multiples coupoles et minarets aux couleurs de sable et de turquoise...

Dès le IVes. de notre ère, l’oasis sous domination iranienne était prospère grâce à ses prouesses hydrauliques qui lui permettaient de transformer le désert en verger. Son économie contemporaine est dominée par la culture du coton, la sériciculture et l’élevage d’agneaux karakuls... et le tourisme.

Khiva, capitale du Khwarazm à la fin du Moyen Âge, possède une histoire séculaire. Mais les plus anciens bâtiments conservés ne remontent qu’au XIV siècle et les nombreux édifices monumentaux, qui prêtent à cette jolie ville son aspect médiéval caractéristique, datent en fait des XVIIe et XIXe siècles. À cette époque, Khiva était enfin sortie d'une longue période de léthargie économique et politique et avait retrouvé son pouvoir.

l’Ichan-Qala

Cette renaissance tardive s’est traduite par la construction de nombreux bâtiments remarquables qui forment ensemble un complexe unique en son genre, l’Ichan-Qala. Situé au centre ville, il occupe une surface rectangulaire entourée de murs, coupée par deux rues qui se croisent à angle droit. Les principaux édi¬fices de la ville se dressent sur la rue transversale, entre la porte ouest et la porte est, et aux environs. C’est le cas notamment des madrasas, étroitement serrées les unes contre les autres, et des minarets qui présentent la forme locale caractéris¬tique : un fût cylindrique, très effilé, entouré de cercles de carreaux de céramique, qui se termine, sans le « col » habituel, par une petite lanterne. Aucun autre lieu d’Asie centrale ne présente une telle densité d’édifices monumentaux que l’Ichan- Qala de Khiva.

Les nombreuses madrasas et les quelques mausolées de Khiva suivent des modèles anciens. L’isolement de la ville par rapport aux autres sphères culturelles d’Asie centrale explique cette conservation de techniques et de formes architecturales déjà périmées ailleurs. La spécificité locale de l’architecture de Khiva apparaît principalement dans le décor, et surtout dans les revêtements de panneaux émaillés ornés de motifs subtils, essentiellement floraux. Les coloris bleu foncé, blanc et noir prêtent un effet métallique aux surfaces intégralement tapissées. On observe également la renaissance de certaines techniques de décor remontant à des époques très anciennes, pré-mongoles, que les autres centres culturels avaient presque oubliées depuis le XIVe siècle. C’est le cas notamment des doubles de maçonneries séparées d’une bande verticale de pierres décoratives sculptées, qui caractérisaient les bâtiments des époques qarakhanides et seljou-kides. Peut-être cet historicisme très singulier devait-il souligner que le khanat de Khiva était — culturellement et politiquement — le successeur légitime de ces puissances. Les sculptures sur bois de Khiva étaient célèbres dans toute l’Asie. Les portes sculptées et les colonnes de bois élancées, avec leur collet étroit caractéristique entre la base et le fut, ornent aussi bien les bâtiments publics que les maisons d’habitation luxueuses, dont les hautes loggias à une seule rangée de colonnes donnent sur le nord.

Khiva conserve la trace de l’architecture des chahs du Khwarazm et des soufis (XIF-XIV* siècles) dans la forme des portails légèrement effilée vers le haut, inconnue ailleurs. Les niches voûtées des portails de Khiva ne possèdent pas, comme à Boukhara ou à Samarcande, d’encadrement de panneaux cintrés superposés. Elles sont toutes intégrées dans des cadres rectangulaires en retrait.

minaret Kalta Minar

Mais dans l’ensemble, l’architecture des madrasas de Khiva fait preuve d’une certaine sobriété et recourt de manière stéréotypée à des techniques éprouvées de longue date. Ces caractéristiques ne se retrouvent pas, cependant, dans les bâtiments commerciaux, les bazars fermés, les palais et les maisons d’habitation.

On ignore pourquoi les maîtres d’œuvre de Khiva n’utilisèrent pas les doubles arcs qui se recoupent comme structure porteuse des coupoles. Ce progrès technique était pourtant connu depuis le XIVe siècle. Ici, la coupole repose sur l’octogone traditionnel avec des trompes d’angle, des lanternes venant parfois coiffer le sommet de la coupole.

la Kuna-Ark

Quand on pénètre dans l’Ichan-Qala par la porte ouest, on aperçoit sur la gauche les hauts murs d’argile tassée de la Kuna-Ark, la vieille citadelle des khans, avec le palais de Kurinysh-khan, l’arsenal et l’hôtel de la monnaie. À droite, la plus grande madrasa de Khiva, celle de Muhammad-Amin khan (1852-1855) se dresse sur deux étages. La vaste mosquée à coupole à gauche de l’entrée a pour pendant une salle d’études modeste, à droite, qui semble bien petite par rapport aux effectifs d’élèves que semble indiquer le nombre de cellules. Comme dans les autres madrasas de Khiva, on remarque l’absence d’iwans transversaux servant de salle d’études. A l’angle nord-est de la madrasa s’élève le gigantesque minaret Kalta Minar (1855), dont la construction a été interrompue avant d’avoir atteint la moitié de la hauteur prévue. Un peu plus loin dans la même rue, on observe à droite, sur une petite place, le vaste bâtiment de la mosquée du vendredi de la ville, avec un minaret intégré dans la façade. La mosquée a été construite en 1789. Elle comprend une immense salle à toit plat, porté par 212 colonnes de bois. Certaines de ces colonnes sont très anciennes ; elles proviennent d’un autre bâtiment et ont été réemployées ici. La salle est éclairée par 212 colonnes. Certaines de ces colonnes sont très anciennes ; elles proviennent d un autre bâtiment et ont été réemployées ici. La salle est éclairée par eux puits de lumière octogonaux. Sur l’extérieur, la mosquée forme un bâti-ment massif» fermé, sans fenêtres, alors qu’à l’intérieur, ses rangées de colonnes qui semblent se poursuivre jusqu’à l’infini lui prêtent une apparence remarquablement saisissante.

La Madrasah Muhammad-Amin khan

En continuant vers le sud, on arrive au plus grand sanctuaire de Khjva, le mausolée de Pahlavan Mahmud, un poète et guerrier légendaire des XIIIe-XIVe siècles. Cet ensemble architectural est entouré des monuments funéraires d ‘un ancien cimetière. Doté d’une grande khanqah à coupole, ce complexe funéraire respire la solennité et constitue une entité stylistique, malgré des dates de construction disparates.

Sur la rue principale qui se rétrécit considérablement, se succèdent à droite la madrasa Kutlugh-Murad-Inak (début du XIX' siècle) avec son portail élancé et un revêtement de céramiques en relief non émaillées, à gauche le grand palais de Tach-Khawly qui servait de résidence aux khans de Khiva (1830-1838). Cette immense superficie, entourée de hauts murs gardés par des tours, est subdivisée en plusieurs parties. Chacune d’entre elles est disposée autour d’une cour et exerce des fonctions bien définies, officielles ou privées. La moitié nord, occupée par des pièces d’habitation, est séparée par un couloir de la partie sud, réservée aux fonctions officielles ; elle est formée de plusieurs chambres de forme identique, disposées par groupes de deux ou de quatre, qui donnent sur la cour par de hautes loggias aux colonnes de bois sculpté très élancées. Cette disposition relativement sobre contraste avec celle de la moitié sud, dans laquelle de petites pièces et de grandes salles d’audience se groupent de manière pittoresque autour de plusieurs petites cours intérieures. On y trouve également des salles du trône, qui s’ouvrent au nord par des loges. Les murs sont ornés de revêtement de faïence et de doubles bandeaux de briques polies, encadrant des pierres décoratives sculptées de couleur verte. Les éminences arrondies que l’on observe dans les cours étaient destinées aux yourtes (des tentes rondes) des invités nomades, qui n’étaient pas habitués au mode de vie urbain. La ruelle qui passe entre les murs du palais et la madrasa de Kutlugh-Murad- Inak conduit au groupe de bâtiments serrés de Pahiavan Darwasa, sur la porte est de l’Ichan-Qala. La porte actuelle, une galerie couverte de nombreuses coupoles avec des niches marchandes et un petit bain à rentrée ouest, a été construite à la place d’un bâtiment plus ancien, au début du XIXe siècle. Elle s’appuie sur l’enceinte de la ville, son portail est doté de tours d’angle recouvertes de doubles bandeaux séparés par un ruban de pierres décoratives sculptées de couleur verte. Au nord, la madrasa d Allah-Quli-khan jouxte immédiatement la galerie à coupoles. Construite en 1882-1883, elle fait pendant à la madrasa de Kutlugh-Murad-Inak selon le système du kosh : les portails des mosquées séparées par une place sont en vis-à-vis. Devant la façade traditionnelle de la madrasa d’Allah-Quli-khan, avec son haut portail au centre et les ailes symétriques de ses loggias, on distingue les vestiges de l’ancienne madrasa de Khurjum (1688) qui a été coupée en deux lors de la construction de la madrasa d’Allah-Quli-khan. En partie recouverte de terre, elle a fait l’objet d’une telle transformation que son toit a servi de base au nouveau portail. La madrasa d’Allah-Quli-khan doit beaucoup de son charme au décor de sa façade principale et de ses façades côté cour. Ce décor est dominé par les faïences « de Khwarazm » aux coloris bleu foncé, blanc et bleu clair et par le contour noir des motifs.

la mosquée du vendredi

Sur la rue principale qui se rétrécit considérablement, se succèdent à droite la madrasa Kutlugh-Murad-Inak (début du XIX' siècle) avec son portail élancé et un revêtement de céramiques en relief non émaillées, à gauche le grand palais de Tach-Khawly qui servait de résidence aux khans de Khiva (1830-1838). Cette immense superficie, entourée de hauts murs gardés par des tours, est subdivisée en plusieurs parties. Chacune d’entre elles est disposée autour d’une cour et exerce des fonctions bien définies, officielles ou privées. La moitié nord, occupée par des pièces d’habitation, est séparée par un couloir de la partie sud, réservée aux fonctions officielles ; elle est formée de plusieurs chambres de forme identique, disposées par groupes de deux ou de quatre, qui donnent sur la cour par de hautes loggias aux colonnes de bois sculpté très élancées. Cette disposition relativement sobre contraste avec celle de la moitié sud, dans laquelle de petites pièces et de grandes salles d’audience se groupent de manière pittoresque autour de plusieurs petites cours intérieures. On y trouve également des salles du trône, qui s’ouvrent au nord par des loges. Les murs sont ornés de revêtement de faïence et de doubles bandeaux de briques polies, encadrant des pierres décoratives sculptées de couleur verte. Les éminences arrondies que l’on observe dans les cours étaient destinées aux yourtes (des tentes rondes) des invités nomades, qui n’étaient pas habitués au mode de vie urbain. La ruelle qui passe entre les murs du palais et la madrasa de Kutlugh-Murad- Inak conduit au groupe de bâtiments serrés de Pahiavan Darwasa, sur la porte est de l’Ichan-Qala. La porte actuelle, une galerie couverte de nombreuses coupoles avec des niches marchandes et un petit bain à rentrée ouest, a été construite à la place d’un bâtiment plus ancien, au début du XIXe siècle. Elle s’appuie sur l’enceinte de la ville, son portail est doté de tours d’angle recouvertes de doubles bandeaux séparés par un ruban de pierres décoratives sculptées de couleur verte. Au nord, la madrasa d Allah-Quli-khan jouxte immédiatement la galerie à coupoles. Construite en 1882-1883, elle fait pendant à la madrasa de Kutlugh-Murad-Inak selon le système du kosh : les portails des mosquées séparées par une place sont en vis-à-vis. Devant la façade traditionnelle de la madrasa d’Allah-Quli-khan, avec son haut portail au centre et les ailes symétriques de ses loggias, on distingue les vestiges de l’ancienne madrasa de Khurjum (1688) qui a été coupée en deux lors de la construction de la madrasa d’Allah-Quli-khan. En partie recouverte de terre, elle a fait l’objet d’une telle transformation que son toit a servi de base au nouveau portail. La madrasa d’Allah-Quli-khan doit beaucoup de son charme au décor de sa façade principale et de ses façades côté cour. Ce décor est dominé par les faïences « de Khwarazm » aux coloris bleu foncé, blanc et bleu clair et par le contour noir des motifs.

Au nord, le long bâtiment monumental (1835-1838) du marché, appelé tim d’Allah-Quli-khan ou bazar du Saray (marché du palais) jouxte directement la madrasa. Une série de piliers massifs, cruciformes, articule l’espace en deux séries de cellules à coupoles, partagées au centre par une salle à coupole hexagonale. Une autre salle carrée, dotée d’un large accès sur l’Ichan-Qala, est située du côté ouest. Le bâtiment n’a pas de décor, mais il impressionne par l'harmonie de ses formes architecturales de de ses constructions d’arcs et coupoles, par la plastique puissante des volumes et par l’equilibre de ses proportions. Les deux façades extérieures sont conçues comme des portes de ville, des bandeaux figuratifs entourent leurs tours d’angles. Au demeurant, on ne voyait presque rien de l’exterieur du bâtiment du tim, coincé entre deux grands édifices - ces galeries a coupole et ses hautes salles couvertes de stuc d’un blanc immaculé ne de l’intérieur.

Plus au nord, le vaste caravansérail d’Allah-Quli-Khan (1832-1955) m rattache directement au groupe de la porte est de l’Ichan-Qala. Ou y accède exclusivement par la salle hexagonale du tim voisin, situé dans le caravansérail, une particularité qui souligne ainsi le lien entre ces deux bktiscaci marchands. Une série de pièces entoure la cour du caravansérail sur deux étages. Les marchandises étaient entreposées en bas, tandis que les marchands logeaient en haut. Mais lors de la construction du tim, les pièces supérieures de la panie sud furent démolies et sa coupole vint coiffer le mur du caravansérail. Les magasins de l’étage inférieur ont conservé leur fonction antérieure et ont été integré dans le tim. Ce bâtiment purement fonctionnel est dépourvu de tout décor intérieur.

Sur la toile de fond du déclin général de l’architecture d’Asie centrale, la bâtiments de Khiva se distinguent aux XVVIe-XIXe siècles par leurs traditions classiques. C’est le seul lieu où se soit maintenue une école d’architecture monumentale relativement originale, bien qu’étroitement liée au passé. Ses metodes de construction la rattachent aux grands édifices du Khwarazm des XI-XII siècles. Les décors de faïence sont originaux et d’une grande beauté, et la sculpture bois de la période artistique tardive de Khiva est unique par la riches et la variété de ses motifs ornementaux.

Madrasa d'Allah-Quli-Khan de Khiva, 1834-1835

Madrasa d'Allah-Quli-Khan

Traditionnellement une façade de madrasa est articulée par un haut portail au centre et par des ailes à loges cintrées sur deux étages et à tourelles. Pour construire cette grande madrasa, il fallut démolir une partie de l'enceinte est de la ville et détruire ou remanier une petite madrasa de 1688, transformée pour former une rampe devant la façade principale du nouveau bâtiment d'angle, faisant fonction de minarets. Les façades principale et latérales, et même le dos delà façade, sont ornés d'un riche revêtement de faïence de grande qualité, un cas unique à Khiva.