Histoire de l'Ouzbékistan


Histoire de l'Ouzbékistan

Toute histoire est un millefeuille, mais le millefeuille ouzbek est particulièrement épais. Le premier peuplement daterait de 50 000 ans avant JC. Les sources sont obscures. A la fin du 3e millénaire, on repère la "civilisation de l’Oxus" (Amou-Daria), puis la culture de Tazabagyat (milieu du 2e millénaire), puis celle des Sogdiens (1er millénaire) dans la région de Boukhara et Samarcande. Au milieu du VIe siècle avant JC, les Perses achéménides intègrent ces territoires à leur empire.

Survient Alexandre le Grand, deux siècles plus tard, qui installe les Grecs et les Séleucides. Au 1er siècle, l’Empire romain vassalise un royaume gréco-bactrien indépendant. Pas pour longtemps: Chinois Yuezhi, Sakas et Parthes prennent des parts du gâteau, avant que l’empire des Kouchans (d’origine Yuezhi) y mette un peu d’ordre et établisse les grandes connexions de la Route de la Soie. Nous sommes au début du 1er millénaire de notre ère. Au Ve siècle, les Perses sassanides dominent la région; ils repoussent un temps les Huns blancs. Puis cèdent. Ces Huns blancs sont des ancêtres possibles des Ouzbeks. Mais, au siècle suivant, retour des Sassanides, alliés aux Köktürks occidentaux. Jusqu’à ce que les Chinois s’imposent (VIIe siècle). En 712, sous les Omeyyades, conquête arabe et islamisation (le zoroastrisme ne résiste pas aux exemptions fiscales accordées aux convertis). A Talas, les Abbassides refoulent les Chinois (751). Dans le butin, le papier. Samarcande devient rapidement le premier centre papetier du monde islamique. Le papier mettra 6 siècles à arriver en France. Pendant la période arabe, Tashkent, Boukhara, Samarcande et Termez se développent notablement. La Route de la Soie voit circuler les biens, les idées, les croyances… Le problème, avec les routes, c’est qu’elles favorisent aussi le déplacement des armées: les Samanides perses imposent leur domination au Xe siècle, mais se heurtent tout de suite aux Karakhanides turcs (qui s’emparent de Boukhara en 992). C’était compter sans les Turcs seldjoukides, qui supplantent tout le monde à la fin du XIe siècle. Au début du XIIIe siècle, les Khorezmiens (perso-turcs) pensent tenir la queue du Mickey. Las! Emportés par l’enthousiasme, ils s’attaquent aux Mongols et...

Gengis Khan conquiert le pays en 1220. Après la mort du Khagan, un khanat turco-mongol est établi. Lorsque Tamerlan se soumet le monde islamique (1369-1405), il ajoute ce Khanat de Tchagataï à ses trophées. Les Timourides durent un siècle: en 1507, les Chaybanides installent durablement les Ouzbeks. Peu à peu, le désormais vieux Khanat de Tchagataï est divisé en trois khanats ouzbeks: Khiva (1512-1920); Boukhara (1599-1920), qui devient émirat en 1785; Kokand (1709-1876), dans le Ferghana. Les Russes apparaissent dans le courant du XIXe siècle. Profitant des querelles endémiques, ils imposent leur protectorat (Kokand, 1876; Boukhara, 1878). Après la victoire de Chymkent, dans l’actuel Kazakhstan, en 1884, un Gouvernement général du Turkestan russe est établi, qui contrôle les khanats ouzbeks. Avec les Russes, la civilisation industrielle prend pied en Asie Centrale. La culture du coton ou le développement du chemin de fer sont encouragés, avec des succès divers, par les autorités tsaristes. La tutelle russe suscite cependant de fortes résistances. En 1916, une révolte est brutalement réprimée. Après la Révolution, les bolcheviks manœuvrent, entre soulèvements nationaux et pantouranisme, pour garder la main. Staline préside en personne au découpage et à la soviétisation du Turkestan. La République populaire soviétique de Boukhara (1920) devient la République socialiste soviétique d’Ouzbékistan en 1924 (la République autonome du Tadjikistan en sortira en 1929, mais celle de Karakalpakie lui sera adjointe en 1936). A l’occasion de la collectivisation des terres, les révoltes reprennent. Pendant la Seconde Guerre mondiale, des Russes se réfugient en grand nombre en Ouzbékistan. On y réinstalle également une partie de l’appareil industriel. Les Allemands de la Volga y sont déportés. L’illettrisme est surmonté dans les années cinquante (au prix de l’accroissement de l’influence russe). Entre 1960 et 1980, la culture intensive du coton est planifiée et mise en oeuvre, avec, pour résultats, l’assèchement de la mer d’Aral et la plus colossale escroquerie de l’histoire soviétique: l’appareil ouzbek est purgé sans ménagements. Très dépendante du système soviétique, la RSS d’Ouzbékistan plaide longtemps pour son maintien. Elle se résout à l’indépendance en 1991 et adhère à la CEI. Le règne d’Islam Karimov (né en 1938) commence. Les réformes économiques sont menées de façon graduelle. L’islamisme sévèrement combattu (soutien aux USA et à la Russie dans ce domaine).


Politique

La Constitution de 1992 établit que l’Ouzbékistan est une république démocratique, pluripartite et présidentielle. En réalité, elle est surtout présidentielle. C’est le président qui nomme ou révoque les membres du conseil des ministres, qui dirige le travail du gouvernement et de l’administration. Le Parlement (bicaméral: 120 députés, 100 sénateurs, élus pour 5 ans) est une simple chambre d’enregistrement. Le président est élu au suffrage universel direct pour 7 ans et, en principe, ne peut briguer plus de deux mandats successifs...


Célébrité

Özbeg (1282-1341) était un prince mongol de la Horde d’Or. Les Chaybanides, dynastie gengiskhanide tardive (XVIe siècle), donnèrent en hommage filial le nom du prince à leurs gens, ceux-ci devinrent donc les Ouzbeks. Djamolidine Abdoujaparov (né en 1964) fut un sprinter rugueux et l’un des cadors du Tour de France dans les années 90. Une série de contrôles positifs a malheureusement mit fin à sa carrière de façon abrupte. Rustam Kasimdjanov (né en 1979), Tatar. Champion du monde d’échecs en 2004. Promus au rang de sport national par l’Union Soviétique, les échecs ont gardé une forte implantation dans les ex-Républiques. On notera également que les plus vieux pions d’échec connus ont été découverts sur le site archéologique d’Afrasiab, près de Samarcande. Yulduz Usmanova (née en 1963) est l’étoile de la chanson ouzbèke. Elle mélange avec entrain maqôm traditionnel et rythmes pop. Eclectique et liée au pouvoir. Al-Khawarizmi (vers 783-850), mathématicien, géographe, astronome, fut, en bon natif de Khiva, un extraordinaire "passeur de savoir". On en a fait le "père" de l’algèbre, de l’algorithmique, voire de l’informatique...